
Poétiques sociales des pays nordiques : de l’âge viking à nos jours
27 novembre 2025 · 17h30 – 19h00
Le séminaire “Poétiques sociales des pays nordiques : de l’âge viking à nos jours” accueillera, pour sa prochaine séance, Mélanie Taquet (Université de Caen Normandie) et Johannes Hjellbrekke (Universitetet i Bergen).
Mélanie Taquet (Université de Caen Normandie) : « L’armée blanche dans la littérature finlandaise : construction et démystification d’un héroïsme »
Vainqueurs de la guerre civile finlandaise de 1918 qui les opposent à l’armée rouge, les soldats de l’armée blanche sont érigés en héros nationaux, libérateurs de la nation et modèles de l’idéal masculin finlandais. De nombreux écrivains soutiennent alors cette vision de la guerre, la relayant dans leurs œuvres par souci d’unité nationale, comme c’est le cas du poète Eino Leino. Cependant, ce modèle perd progressivement de sa pertinence.
Dans sa trilogie Täällä Pohjantähden alla (Ici sous l’étoile polaire) publiée entre 1959 et 1962, Väinö Linna dépeint une réalité tout autre de l’armée rouge que celle de révolutionnaires sanguinaires prônée jusqu’alors, ouvrant la voie à une relecture critique de l’histoire nationale dans l’espace médiatique. À la même époque, les travaux de l’historien Jaako Paavolainen mettent en lumière les terreurs commises par l’armée blanche, fragilisant l’image héroïque des soldats. Finalement, l’essor du devoir de mémoire à la fin du XXe siècle et l’intérêt porté aux victimes motivent de nombreuses réinterprétations de la guerre civile, dans lesquelles les membres de l’armée rouge sont désormais considérés comme victimes, et non plus comme révolutionnaires.
La littérature a ainsi accompagné l’écriture de l’histoire, s’en est aussi faite la critique. Au XXIe siècle, alors que le centenaire de la guerre a motivé la publication d’un nombre record d’œuvres de fiction, la représentation de l’armée blanche représente en enjeu majeur et complexe de la compréhension de la guerre : comment de jeunes soldats ont pu commettre des crimes de guerre, et qu’en est-il de leur rapport à la gloire et à la masculinité ?
Johannes Hjellbrekke (Université de Bergen) : « La guerre des écrivains norvégiens : les prises de positions politiques dans le champ littéraire norvégien sous la Seconde Guerre mondiale »
Analyses of writers’ political orientations have typically focused on individual authors’ works and trajectories. Inspired by Bourdieu’s field theory and by Sapiro’s works on the French literary field, the overall question in the “Words and Violence”-project is straightforward: How did the writers and intellectuals respond to democratic backsliding, loss of cultural autonomy and authoritarianism on the rise?
This presentation will address this by focusing on four interrelated questions:
- In what ways were the Norwegian writers’ position-takings during WW II related to their locations in two other sets of structures: the structures in the Norwegian field of literary practices in the 1930s and ’40s, and their locations in cultural, economic and social capital hierarchies?
- How many literary clusters could be found in the Norwegian field of literature in the 1930s and ‘40s?
- Were the oppositions in the global field mirrored in the group of Nazi-sympatizing or collaborating authors, or were distinct hierarchies at work in this particular subgroup?
- To what degree were the structural oppositions generation specific? Did the youngest authors constitute a distinct literary subspace, with oppositions of its own?
The analysis statistical analysis is based on prosopographical data on 308 writers and is done by way of Multiple Correspondence Analysis (MCA), Class Specific MCA and Ascending Hierarchical Cluster Analysis.
Varmt velkommen !
